Salarié et emploi

Un enseignement peut être tiré de la bourde de Myriam El Khomri, ministre du Travail, qui n’a pas su dire combien de fois un CDD peut être renouvelé : c’est que le code du travail est incompréhensible. S’il l’est pour un apparatchik du Parti socialiste n’ayant mis la pointe des pieds dans quelques entreprises qu’au gré de différents petits boulots d’étudiant (sans doute en CDD, ce qui aurait dû pourtant lui donner un avantage pour répondre à cette question), il l’est pour les centaines de milliers de patrons chaque jour sur le terrain À force d’avoir voulu protéger l’emploi plutôt que les salariés, le législateur l’a enfermé dans un carcan d’où il est bien difficile de sortir. C’est l’un des héritages des années d’après-guerre où, sous l’impulsion du Conseil national de la Résistance, il était urgent de reconstruire la France avec l’aide des syndicats auxquels de nombreux gages ont été donnés ; cela a donné naissance à notre modèle social, mais à quel prix ? Celui d’une sclérose du système. Le législateur aurait dû se donner les moyens d’adapter le code du travail aux évolutions de la société et des métiers et aux apports de l’innovation. Car, dans une vision dynamique de l’économie, si l’emploi est détruit, il est recréé aussi sous une autre forme : c’est le processus de destruction créatrice que Joseph Schumpeter a expliqué dans les Cycles des affaires. Pour l’économiste autrichien, c’est sous l’impulsion de l’entrepreneur et des grappes d’innovations que la société change. Pour autant qu’elle puisse le faire. L’exemple le plus criant est l’inadaptation du code du travail aux start-up, qui ont besoin d’une grande flexibilité pour croître. La solution pourrait passer par la création d’un contrat de travail unique dont les droits deviendraient plus importants au fur et à mesure du temps de présence dans l’entreprise. Que Myriam El Khomri ne connaisse pas les subtilités du code du travail, c’est une erreur. Mais qu’elle n’écoute pas les Français, qui, selon un sondage Elabe pour les Échos et l’Institut Montaigne, réclament à plus de 55 % une réforme en profondeur du code du travail pour l’alléger et donner plus de liberté aux entreprises, c’est une faute. Et ça, à ce niveau de responsabilité, c’est impardonnable