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Bouge It
19 août 2016

Poudrière libyienne

La guerre en Libye (2011) a bousculé l’équilibre géopolitique de la région. Touaregs et Toubous ont su tirer leur épingle du jeu pour élargir la gamme des trafics traditionnels d’armes et autres narcotiques à d’autres secteurs. Des hydrocarbures aux êtres humains, le « guêpier » du Fezzan, délaissé par les deux gouvernements de Tripoli et de Tobrouk, a permis de redessiner les contours de la carte du sud lybien au profit de ces factions qui se disputent désormais ces marchés dans une véritable logique d’exploitation entrepreunariale. Après l’Irak et la Syrie, l’EI progresse en Libye. Le groupe restreint de la coalition internationale contre l’EI se réunit à ce sujet le 2 février 2016. Avec 1770 km de frontières maritimes et 5000 km de frontières terrestres essentiellement tracées dans des territoires désertiques et très peu peuplées, la Libye, État failli par excellence, souffre aujourd’hui de cette porosité qui gangrène la quasi totalité de ses contours. Historiquement, le territoire libyen constituait un important carrefour de flux licites et illicites Nord – Sud et inversement comme le démontrent les multiples routes caravanières qui le traversaient autrefois. Ainsi, dès les années 1970, Touaregs et Toubous utilisaient l’espace du Fezzan, situé au Sud de la Libye pour importer sur le territoire de nombreux produits commerciaux nigériens comme le bétail, les épices et le henné. De même, les marchandises libyennes, comme les pâtes, l’huile d’olive ou la farine traversaient quotidiennement cette province du Sud Ouest vers la Tripolitaine littorale. Toutefois, au delà de ces échanges licites, la Libye, et plus particulièrement ses confins du Fezzan, s’inscrit depuis plusieurs années comme un « espace clé de tous les trafics et de toutes les connivences » avec des flux illégaux, allant des cigarettes du Niger à la drogue du Nigéria en passant par les armes du Tchad, qui suivent un axe Nord-Sud principalement par la passe du Salvador. Depuis la chute du Colonel Mouammar Khadafi en 2011, cet éventail s’est agrémenté de carburants en provenance de Tunisie et d’Algérie et surtout de migrants issus de diverses régions d’Afrique. Sur ce territoire libyen devenu « une terre de non droit », plusieurs milices, également appellées katibas, cherchent à imposer leur propre loi en s’entre-tuant afin de conserver leur zone d’influence, voire de l’étendre, le tout sur fond de désordre régional et de faiblesse gouvernementale. Si les principales katibas de Misrata et de Zintan, agrémentées de diverses variantes islamistes, occupent les provinces de la Tripolitaine au Nord Ouest et de la Cyrénaïque à l’Est, les milices tribales Touaregs et Toubous ont, quant à elles, recentré depuis quelques années leurs intérêts stratégiques dans le Fezzan. Zone située au Sud Ouest du pays, le long du neuvième méridien, constellé de rares villes comme Murzuq ou Sabha, ce Fezzan s’illustre à la fois comme « espace de transition et base arrière pour les groupes en rupture avec les États. » Directement impactés par les conséquences de l’épisode de l’intervention de l’OTAN en 2011 et le « rétrécissement » du Sahara central, Touaregs et Toubous se retrouvent projectés, au lendemain de la chute du régime khadafiste, au rang de principaux acteurs du renforcement de l’instabilité de cette « véritable plaque tournante de trafics en tous genres » À la manière d’un second « Sahelistan », le Fezzan libyen tombe dans le « trou noir géopolitique » avec une mosaïque de forces tribales et ethniques qui luttent pour le contrôle des ressources du sol et du sous sol d’une part et des flux illicites qui y transitent d’autre part. Dès lors, ce phénomène contribue à l’affirmation du morcellement de cette « chahutée zone chaude saharienne » au carrefour entre l’Algérie, le Niger, le Tchad, le Soudan et l’Égypte. Ainsi, suite à l’assassinat de l’ambassadeur américain le 11 septembre 2012, le gouvernement de Tripoli décrète le 16 décembre de cette même année le statut de « zone militaire fermée » pour l’intégralité de cette province qui prend progressivement les traits du « No m’an’s land . »

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